La discipline quotidienne est pour lui la clé de la confiance. Étienne Mazellier sait précisément ce qu’il doit faire chaque jour pour progresser. Le processus pour se rendre aux Jeux Olympiques de Milan-Cortina est court, mais il compte mettre tous les efforts nécessaires pour y parvenir. Se qualifier, performer, se positionner. Trois ingrédients essentiels sur lesquels il concentre ses efforts.
D’où vient son désir de performer en ski alpin ? Comment cette passion s’est-elle transformée en projet de carrière au plus haut niveau ? Quels obstacles ont jalonné son parcours jusqu’ici ? NOPé a rencontré Étienne à l’aube d’un moment charnière, alors qu’il s’apprêtait à quitter le Québec pour rejoindre Beaver Creek, au Colorado, et amorcer sa saison sur le circuit Nor-Am 2026.
Le parcours sportif d’Étienne
« Quand j’ai eu quatre ans, mes parents ont décidé de déménager à Stoneham. Mes deux parents faisaient du ski, mon père surtout, qui a grandi dans les Alpes. Ils m’ont inscrit à l’école de ski puis, au bout de deux semaines, mon moniteur leur a expliqué que j’allais beaucoup trop vite pour le groupe », raconte-t-il, en riant.
En février de la même saison, Étienne intègre le club de ski et, rapidement, il participe à ses premières compétitions. Il suit ensuite toutes les étapes du parcours québécois en ski, rejoignant l’équipe régionale, l’équipe élite puis l’Équipe du Québec.
Lorsqu’il ressasse les différentes étapes de son parcours, il se rappelle un fait ayant marqué les débuts de sa carrière sportive. « Quand j'avais 14 ans, j'aurais pu aller aux Jeux du Québec, mais je me suis cassé la jambe au mois de novembre. Je n’ai pas skié de l’année et le fait de voir mes amis participer à ces Jeux et y performer a réveillé en moi le goût de compétitionner. »
Son entrée sur les pistes de ski à l'international
De 2023 à 2025, il évolue dans le sport universitaire américain (NCAA) à l’Université du Colorado. Malgré un encadrement limité, il y signe certaines de ses meilleures performances en carrière, dans un circuit reconnu pour son haut niveau de compétition.
En slalom et en slalom géant, Étienne se taille une place parmi les spécialistes techniques du ski alpin canadien. Ses victoires et podiums FIS sur les circuits canadien et américain jalonnent son parcours, tout comme un moment fort sur la scène internationale : la médaille d’or remportée au relais parallèle aux Championnats du monde juniors 2022, à Panorama, en Colombie-Britannique. Depuis plusieurs saisons, il poursuit son développement sur le circuit Nor-Am, où il obtient des résultats réguliers.
Son choix de rejoindre l’équipe privée Ski Boréale

Se voyant refuser l’accès à l’équipe nationale, Étienne choisit de tracer sa propre voie et se tourne vers un modèle indépendant. En 2025, il rejoint Simon Fournier et l’entraîneur Jonathan Blanchard au sein de l’équipe Ski Boréal.
« La saison dernière a été très difficile au niveau de la structure d’entraînement avec les universités. Il y avait un manque en termes de quantité et de qualité d’entraînement », explique-t-il.
Dans un contexte où les spécialistes des disciplines techniques bénéficient de peu d’encadrement au Canada, Étienne ressent le besoin de retrouver un environnement stable, axé sur la qualité de l’entraînement. Convaincu de son potentiel de progression, il fait le choix d’agir plutôt que d’attendre.
« Je me suis dit : Ok, il faut que je me lance, que j’y arrive. On a un coach qui croit en nous. Oui, ce sera un défi côté financement, mais on va y arriver. »
Cette transition l’amène aussi à prendre en charge des aspects essentiels de sa carrière, de la recherche de partenaires à la gestion quotidienne du projet sportif.
Son focus 2026 : le circuit Nor-Am
Finir premier ou deuxième dans chaque discipline au circuit Nor-Am lui donnerait accès à toutes les Coupes du monde. C’est là que se concentre l’essentiel de ses efforts cette saison.
« Mon focus, c’est vraiment le circuit Nor-Am. »
Pour participer aux Jeux Olympiques 2026, il lui faut atteindre un top-30 en Coupe du monde. Un objectif qu’il garde en tête, tout en restant bien ancré dans le moment présent.
Cinq faits sur Étienne
- Son modèle de référence ne vient pas du ski. Il s’inspire de Georges St-Pierre, maître des arts martiaux mixtes, pour sa force mentale, sa discipline et sa capacité à prendre du recul sur la performance.
- Il a développé une routine très stricte pour éliminer le doute. Sa discipline de vie est assumée : pas d’alcool, coucher tôt, lecture en soirée. Pour lui, la constance est un outil de performance autant que l’entraînement.
- Il se sent à l’aise dans le rôle d’athlète-entrepreneur. La recherche de financement et le contact avec les partenaires font désormais partie de son quotidien. Un aspect qu’il voit comme un défi motivant plutôt qu’un frein.
- Il performe souvent davantage en deuxième manche. Reconnu pour sa capacité à livrer sous pression, il travaille particulièrement cette saison à attaquer plus tôt dans les premières manches.
- Il reste profondément attaché à son club d’origine. Malgré son parcours international, Étienne demeure affilié au club de ski de Stoneham, un lien important avec ses racines sportives.
Les propos de cet article ont été recueillis par Isabelle Simard
